Il y a très longtemps, dans un village, vivait Saïg, un pauvre cordonnier. Il confectionnait de magnifiques souliers en cuir qu'il vendait au marché. Hélas, cette année-là, les villageois préféraient porter des sabots de bois. En effet, les chemins étaient couverts de boue car la pluie tombait chaque jour davantage.
À tous les repas, Anaïg, l'épouse du cordonnier, préparait la même soupe avec de minuscules morceaux de pain et quelques noisettes, Saïg, désespéré, ne savait comment trouver de l'argent pour nourrir ses cinq enfants.
Un soir de tempête, on frappa à leur porte ! Les enfants, effrayés, coururent se cacher derrière leur mère... Saïg ouvrit. Il reconnut la vieille Katell avec son grand nez crochu, ses yeux globuleux et son bouton poilu sur la joue.
Au village, on la traitait de sorcière.
Saïg, n'écoutant que son bon coeur, la fit entrer :
- Bonsoir Katell, venez vous réchauffer près du feu.
- Tu es bien le seul à m'accueillir si gentiment, remercia Katell. Les autres villageois ont refusé de m'ouvrir leur porte.
Encouragé par sa mère, l'aîné des enfants apporta un bol de soupe à la vieille dame. Cette dernière le remercia par un énorme bisou sur la joue ! Glen, le plus jeune, poussa un cri, craignant que Katell ne dévore son grand frère.
C. BONCENS, La Grotte des Korrigans , coll. « Ma première légende de Breta